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7 mars 2011 1 07 /03 /mars /2011 12:53

 

 

 

 

ESPACE SAINT MICHEL

7, place Saint Michel

75005 PARIS

métro Saint Michel

Tél: 01 44 07 20 49

 

Où il est question d 'indicateur de richesse...

 

 

Les projections

Lundi 7 mars: 14h55, 17h40 et 20h30
Mardi  8 mars: 13h, 15h50 et 19h

et Jeudi 10 mars à 20h30

 

Message de Jean Gadrey: Si vous êtes libres jeudi soir prochain à Paris (10 mars), une projection suivie d’échanges cordiaux et festifs est prévue à 20h30 à l’espace St Michel, 7 place St Michel, dans le 5ème. Nous serons plusieurs des « acteurs » de ce docu, en présence du réalisateur et de sa fine équipe, en présence aussi d’amis d’Alternatives économiques (ceux qui ont publié un hors série dont j’ai parlé dans un billet précédent).
Alors rendez-vous ?

 

Pour lire l'article de Jean Gadrey "Vive le docu "Indices" de Vincent Glenn": cliquez ici

 

 

 

INDICES, de Vincent GLENN

SORTIE NATIONALE : Le 2 Mars 2011

81min – France - 2010

 

SYNOPSIS

Indices, le nouveau film de Vincent Glenn, expose les aberrations d'un mode de calcul qui additionne en positif les réparations occasionnées par les catastrophes, et qui continue à être le principal critère utilisé pour situer le " niveau de vie " des nations. A l'heure où l’on s'effraie des craquements multiples de l'économie de surconsommation, Indices explore également les alternatives déjà disponibles pour mesurer le véritable progrès social, donner une idée de la " taille du gâteau " mais aussi de son partage et de sa qualité. Multirécidiviste du documentaire d'analyse socio-politique, Vincent Glenn nous conduit cette fois dans les méandres d’une commission aussi prestigieuse que peu visible du grand public. Vous ne savez pas bien ce qui anime le Forum pour d’autres indicateurs de richesse (FAIR), ni ce qu’est la " Commission sur la mesure de la performance économique et du progrès social " ? Allez voir ce documentaire, il a été fait pour vous. 

 

 

ENTRETIEN AVEC LE REALISATEUR


Comment en êtes-vous venu à vous intéresser à la question des indicateurs ?

Le point de départ est peu spectaculaire, un débat public, à Saint Ouen, que les organisateurs m’ont demandé de venir filmer, et où cette notion " d’indicateur de richesse " était au cœur des discussions.

C’est à partir de là, qu’est née l’idée d’un film et avec mes coéquipiers de tournage, nous avons eu assez vite deux moteurs :

1) nous documenter sur ce chapitre des indicateurs de richesse qui nous semblait intuitivement plus important, et surtout moins " technocratique ",  qu’il peut en avoir l’air de prime abord.

2) si possible rendre lisible l’état des débats en cours et pourquoi de si nombreuses prises de positions remettent en cause le PIB.

Est-ce une façon de critiquer la croissance ?

Le fait qu’on parle presque toujours de " croissance " tout court sans plus juger bon de préciser " croissance du PIB ", me semble en soi, très significatif : on entend quotidiennement parler de croissance, mais pour ne pas entendre grand chose d’autre que de fausses évidences (faut que ça monte !) masquant presque toujours de vraies déclarations d’impuissance (comment voulez-vous créer des emplois si la croissance est faible…).

Or plutôt que " pour ou contre la croissance ", il vaudrait mieux se demander : " de quoi parle-t-on quand on parle de croissance, quels objectifs politiques exprime-t-elle ou masque-t-elle " ?

La " croissance " citée, chiffrée, commentée chaque jour dans les médias, c’est la " croissance du PIB " et ce n’est que ça. Autant dire plus grand-chose. Cela ne donne qu’un piètre renseignement si on cherche à situer le " niveau de vie des habitants " de tel ou tel pays, mais surtout cette " croissance " n’indique presque plus rien du tout s’il s’agit de se faire une idée des progrès réalisés, si l’on en juge par exemple, par l’évolution du chômage, l’état des services publics, ou le niveau de pollution. Pourtant, tout semble encore s’organiser autour de cet indicateur, star des médias et divinité pour les " marchés ".

Qu’apporte la Commission Stiglitz au débat ?

Le film s’est construit, initialement, comme une enquête sur cette Commission, mais au final, ce sont surtout les membres du FAIR qui nous ont aidé à nous faire une opinion. La Commission Stiglitz est symptomatique de ce moment étonnant de notre histoire où tout se passe comme si un nombre conséquent " d’experts " s’accordaient pour dire : " bon, nous avons manifestement une boussole économique qui nous indique un très mauvais cap ; surtout, cette boussole nous a masqué des problèmes humains considérables ". Parmi ces experts, des prix Nobel, des intellectuels réputés pour leur caractère " modéré ", des économistes parmi les moins soupçonnables de " gauchisme ".  Ces prises de position sont en elles-mêmes des indices. Quand l’alerte est donnée " de l’intérieur ", comme par exemple quand le spéculateur Soros dénonce, en connaissance de cause, la spéculation, il se passe souvent des choses révélatrices. Cela ne décerne pas un brevet de vertu, mais cela peut susciter de salutaires prises de conscience.

Pouvez-vous dire l’intrigue du film en quelques mots ?

Le film commence par la remise officielle du rapport de la Commission Stiglitz. Cela peut donner l’impression d’une forêt inextricable de choses abstraites ou illisibles : des indicateurs, des statistiques, des chiffres, une commission… Par la suite le film redéploie et explore ce que l’on a vu dans ces premières minutes.

On part du PIB, on cherche à le saisir, à le déshabiller. Le montrer dans sa nudité était déjà un petit défi en soi… Je ne garantis pas que ce que nous avons obtenu soit torride, mais je crois la tentative en elle-même assez arlante!

Vous suggérez également des façons de s’en libérer…

Une des questions portées par le film pourrait être " comment sortir la tête du PIB ? " Dès qu’on soulève la question d’autres " indicateurs ", c’est-à-dire d’autres paramètres, d’autres références, d’autres baromètres, on entre sur le terrain des valeurs, de la légitimité, et surtout, on met l’accent sur " qui les utilise et comment ". Se mettre d’accord sur de nouveaux indicateurs, ce n’est pas seulement s’intéresser à " ce qu’il faut subvertir, casser, mettre hors d’état de nuire ", c’est dire " par quoi on peut remplacer ". C’est proposer des critères et des outils de mesure en vue de les rendre légitimes pour la société. C’est donc une bagarre faite de proposition autant que de contestation. Aujourd’hui tout se passe encore comme si l’injonction à " faire du PIB " nous dictait en permanence : " il faut produire plus, plus vite, encore plus et encore plus vite. "

Pour vous le débat autour des nouveaux indicateurs de richesse est un enjeu politique ?

Je crois qu’avec la contestation du PIB comme centre de gravité de l’économie, il y a une mise en cause radicale de l’ordre actuel et l’affirmation d’objectifs humains à contre-courant de la course à la productivité. Toute la difficulté réside dans nos irréductibles subjectivités, lorsqu’il s’agit de déterminer ces " autres priorités humaines " : réaliser l’accès universel à l’eau potable, aux traitements du virus VIH, faire cesser la sous-nutrition, permettre l’éducation tout au long de l’existence, sortir du nucléaire… ? Que veut-on mettre en avant ?

Les membres du FAIR travaillent à la reconnaissance collective qu’il existe des activités humaines importantes, voire absolument vitales, et qui ne sont pourtant pas considérées comme telles par les dirigeants, parce que " non solvables ", sans existence monétaire ni perspective de profit.

On voit bien ici qu’il s’agit de contester les outils de mesure, mais en même temps, de remettre en question la logique productiviste de la plupart des responsables politiques.

Comment pourraient pratiquement émerger d’autres indicateurs de richesse ?

Travailler à l’émergence de nouveaux indicateurs de richesse, c’est chercher à provoquer des délibérations et des accords collectifs sur ce que nous jugeons prioritaire.

Plutôt des hôpitaux publics avec ce qu’il faut d’effectifs, plutôt des classes non surchargées dans les collèges, ou plutôt le profit coûte que coûte ? Plutôt le choix concerté des citoyens ou plutôt celui des banques ? Une des réponses les plus répandues jusqu’aujourd’hui a été que l’augmentation du volume de richesse des uns finit toujours par profiter à tout le monde.

Les " indicateurs de richesse " peuvent nous permettre de nous attaquer à ce genre de mystification, ils sont un autre terme pour dire " repères collectivement lisibles et partagés ". Lorsqu’ils arrivent à un certain niveau de légitimité, ils pointent un certain " sens ", une préférence collective, une référence commune qui a été expérimentée, mûrie, délibérée.

C’est donc surtout une invitation à changer de regard?

Et de pratiques quotidiennes, sociales et culturelles. Si on cherche à s’émanciper des modes de vie dictés par " l’augmentation du PIB coûte que coûte ", on est conduit à soulever la question de l’après société de consommation . Et si on fait cela, on déclenche une remise en cause encore plus profonde et dérangeante, celle de nos sociétés qui ne jurent que par la production.

La " société de consommation " n’est qu’une conséquence de sociétés devenues de plus en plus productives et ayant placé la " production " au centre de toutes les préoccupations. Un dépassement de la société de consommation (car après tout, il n’est écrit nulle part que nous soyons condamné à rester des homo-consummatus pour l’éternité !) implique une remise en cause de la place de la production dans nos vies… Ce qui n’est pas gagné dans nos sociétés où ceux qui ne " produisent " pas sont considérés comme des parasites ou des inutiles.

Sortir de l’obsession de la production, c’est possible ?

Au rythme actuel de la course mondiale à la productivité, même si la société multipliait par 50 les " besoins de consommation " des habitants, (des pubs vite !) il n’y aura plus besoin de tout le monde pour participer aux " activités productives ". Quelle place sera alors laissée aux autres, ceux qui ne " produisent " pas ou peu, tout au moins rien de reconnu par le système bancaire actuel ? Quelles " activités " seront possibles pour ces " autres " qui auront été exclus de la machine de " production " ? Il y a de toute évidence, des milliers d’activités utiles à faire partout, à condition de ne pas systématiquement orienter les individus vers ce qu’ils ont de " solvable ". Cela suppose des changements de mentalités considérables, et soulève nombre de questions : comment cesser de complexer ou criminaliser les " éléments moins performants ", les vieux (qui sont un " coût "), les jeunes (qui ne trouvent pas " d’emploi "), les fragiles (qui ne répondent pas aux critères de la compétition généralisée), les déviants (qui ne soumettent pas aux différents formatages) ? Comment passer d’une culture d’ultra concurrence à une société où la valeur de l’entraide serait devenue un indice de richesse et de dignité collective ?

C’est presque un programme… Vous êtes tenté par la Présidentielle ?

Pour organiser une Constituante et une nouvelle République, oui.

Je veux bien être candidat pour l’abolition de la Présidentielle.

 

Pour accéder à la source: cliquez ici

 


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