Affrontements, tirs de flash-ball, établissements bloqués… La mobilisation des lycéens contre la réforme des retraites tourne au vinaigre. Plusieurs affrontements entre jeunes et forces de l’ordre ont été recensés ce jeudi, notamment en Seine-Saint-Denis, dans le Val d'Oise, le Val-de-Marne, en Savoie ou à Lens. A Montreuil, près de Paris, un jeune de 16 ans a été blessé au visage par un tir de flash-ball de CRS.
Résultat : une passe d’arme au Sénat entre la gauche et Eric Woerth (à voir dans la vidéo). La sénatrice-maire de Montreuil, Dominique Voynet, monte au créneau et interpelle en séance le ministre du Travail.
« Ce matin, pour la troisième fois en un an, alors que des lycéens bloquaient l’entrée de leur lycée avec des poubelles – ce n’est pas bien, j’en conviens – une intervention policière a eu lieu (…). Lacrymogènes, fumigènes et puis en toute incompréhension, des tirs de flash-ball, et un enfant blessé, encore au visage, ce matin. Un enfant de 16 ans, avec trois fractures sur le visage », dénonce la sénatrice des Verts.
Elle continue, solennelle : « Alors j’ai bien compris que vous cherchiez à faire porter sur la gauche la responsabilité de troubles que votre aveuglement et votre surdité seule, expliquent. J’ai bien compris que vous étiez en difficulté face à la rue et à la légitimité démocratique des manifestations. M. le ministre on pourrait tomber d’accord sur le fait que c’est d’abord aux adultes de lutter pour leur retraites (…) ».
Puis, une balle de flash-ball à la main, elle lance : « Je vous pose la question en vous montrant la balle reçue par ce jeune de 16 ans. Le pouvoir est-il à ce point fébrile, qu’il en soit réduit à ce genre de provocation ? Que vaut donc un pouvoir politique et quelle est sa légitimité, quand il en est réduit à tirer sur ses enfants ? »
Le sénateur PS de Paris, David Assouline, vient soutenir Dominique Voynet. « Il ne faut pas justifier des dérapages», lance-t-il d’abord, dénonçant de la « provocation ». Puis il attaque à son tour : « Vous ne pouvez pas dire qu’à 16 ans on est immature pour pouvoir manifester (…) mais penser qu’on est suffisamment solide et mature pour prendre des flash-ball dans le visage. C’est une considération que vous avez de la jeunesse : on peut lui mettre des tartes mais on ne peut pas écouter ce qu’elle a dans la tête ! »
Applaudissement sur les bancs de la gauche. Au ministre de répondre : « Vous dévoyez ce débat. On ne tombera pas dans ce panneau. » Eric Woerth fait alors la leçon : « Vous êtes d’une violence et d’une agressivité comme j’ai rarement vu. Alors vous devriez vous calmer ».
Peine perdue. Le socialiste Alain Anziani demande « un peu de modestie (à) M. Woerth ». « Vous ne respectez pas les jeunes et les considérez comme des imbéciles »… Plus de 20 minutes après le début de la séance, l’examen des amendements sur la réforme des retraites peut reprendre. Il en reste près de 800…
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