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12 mai 2011 4 12 /05 /mai /2011 16:37

Par Matthieu Bunel (La vie des idées.fr)

 

 

 

Recensé : Philippe Askenazy, Les Décennies aveugles. Emploi et croissance 1970-2010, Seuil.

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Emploi : bilan et perspectives (PDF - 207.2 ko)  par Matthieu Bunel

L’ouvrage de Philippe Askenazy, Les Décennies aveugles : emploi et croissance de 1970-2010, propose un bilan très critique des politiques de l’emploi développées en France depuis le premier choc pétrolier. Selon l’auteur, de nombreuses erreurs d’analyses, dues au fait que les décideurs publics n’ont pas suffisamment pris en compte le développement d’une nouvelle économie postfordiste, ont conduit les gouvernements successifs à mettre en place des dispositifs d’aide à l’emploi peu efficaces et producteurs d’effets pervers. Il nous invite à prendre conscience des erreurs passées et, si l’on ne veut pas qu’elles se renouvellent, à changer radicalement la grille de lecture que nous appliquons au fonctionnement du marché du travail et de l’économie.

Après un premier chapitre visant à démontrer le rôle central joué par les technologies de l’information et de la communication (TIC) dans les bouleversements observés au sein des organisations et du monde du travail, l’auteur décrit dans les chapitres 2 à 6 les grands dispositifs publics d’aide à l’emploi et leurs résultats (souvent médiocres). Le chapitre 7 porte sur les mesures mises en place par le gouvernement actuel. Comme l’indique l’auteur, « l’absence de recul historique » rend difficile une évaluation sérieuse de « l’avalanche » de mesures et de réformes proposées depuis 2007. Toutefois, elles apparaissent d’ores et déjà extrêmement coûteuses et sources d’inégalités. Le dernier chapitre, sans aucun doute le plus original de l’ouvrage, tente de proposer de nouvelles pistes de réflexion afin de « retrouver une ambition économique et sociale pour la France » (p. 308) au cours de la décennie 2010. Un programme très ambitieux, qui rencontre malheureusement quelques difficultés.

Une nouvelle économie silencieusement en marche depuis 40 ans

Dans le chapitre 1, l’auteur avance la thèse selon laquelle tous les pays industrialisés doivent faire face aux mêmes problèmes et qu’il n’y a pas de « mal spécifiquement français ». Globalement, les pays industrialisés seraient confrontés aux mêmes contraintes techniques et macro-économiques et donc condamnés à suivre des trajectoires très proches. Ce parti pris s’oppose à la fois aux travaux « culturalistes » à la Algan et Cahuc et aux travaux sur la diversité des capitalismes développés par l’école de la régulation ou encore par les travaux d’Esping Andersen.

Cependant, cette hypothèse d’homogénéité des pays industrialisés est contredite par l’auteur lui-même dans la suite de son ouvrage lorsqu’il rappelle plusieurs spécificités françaises : un taux de chômage de longue durée structurellement élevé (p. 125), des proportions de diplômés du supérieur (p. 76) et de femmes travaillant à temps partiel plus faibles (p. 141), ou encore un montant de dépenses en R&D insuffisant et en déclin (p. 183 et 186), par rapport à ceux observés aux États-Unis ou en Allemagne.

En outre, l’hypothèse d’homogénéité des capitalismes proposée par l’auteur provient de l’existence d’une cause principale voire unique aux bouleversements actuels du capitalisme : le développement des technologies de l’information et de la communication (TIC). Il est logique que l’auteur de La croissance moderne et de plusieurs articles sur les TIC insiste sur le rôle majeur joué par les TIC. Il est indéniable que les TIC sont à l’origine de changements majeurs dans le fonctionnement de l’économie. Il ne faut pas pour autant leur accorder une place surdimensionnée pour expliquer tout à la fois : la désyndicalisation, la financiarisation, la faiblesse des gains de productivité ou encore la précarisation d’une partie de la main-d’œuvre.

Au delà de ce postulat que l’on peut discuter, Askenazy souligne que les pays industrialisés font face à une économie qui a changé structurellement de nature depuis la fin des années 1970. Dans cette économie postfordiste, le marché du travail, les organisations et les moteurs de la croissance ne sont plus mêmes...pour lire la suite cliquez ici

 

 

 

A voir également:

 

La vidéo de l'intervention de Philippe Askénazy lors de l'UPP "Valeur Travail" à la date du 7 mars 2011:

 

 


 

Vidéo : Fabien / Désirs d'Avenir  (Lien

 

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