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9 mars 2012 5 09 /03 /mars /2012 11:12

 

Par Aristote, blogueur invité


Ségolène Royal, février 2012 à Paris - © Razak

Ségolène Royal, février 2012 à Paris - © Razak

 

 

 


Elle n’en a jamais rien dit, en public, pas plus que ses équipes qu’à ses amis politiques, ses militants les plus chevronnés. Impossible d’arracher à ce cercle qui fait corps autour d’elle la moindre critique, le moindre soupir sur la situation si étrange et si délicate que vit leur leader. ” la patronne ” comme ils l’appellent entre eux, la patronne ne se plaint jamais.

En tout cas pas en public. Et avance, comme elle l’a toujours fait. Droit et sabre au clair. 

Un jour à Marseille, dans les quartiers populaires, pour parler aux habitants, un autre à La Rochelle pour ne pas laisser respirer Nicolas Sarkozy en pleine oxygénation après son annonce de candidature, un meeting  à Châtellerault, avec Arnaud Montebourg pour défendre les ouvriers et la ré-industrialisation du candidat Hollande, un soir sur Twitter pour dénoncer la prestation pathétique et mensongère du même Nicolas Sarkozy, un autre dans les cages d’escaliers, à Bagneux, pour lancer le porte à porte national de la campagne socialiste.

10 étages et Royal qui sonne aux portes comme une simple militante. Aux journalistes qui suivent  la visite, elle déclare simplement : il faut parler aux gens, revenir et leur dire qu’ils doivent voter pour François Hollande comme ils ont voté pour moi en 2007. Exercice difficile car les cœurs se sont cassés sur la défaite de 2007 et les quartiers ont bien du mal à s’enflammer pour qui que ce soit. Et elle y va, Ségolène Royal, de Marseille à Bagneux, de plateaux télévisés à Rennes, le 20 mars prochain, ce meeting tant attendu par la presse nationale et internationale car ce sera le meeting de François et Ségolène, comme on ne les s plus vus depuis Limoges, au printemps 2007. Elle y va avec cette persévérance, cette maturité politique qui font qu’elle ne se trompe jamais de cible et ni d’arguments.

D’ailleurs l’opinion ne s’y trompe pas qui l’a crédité, jour après jour de remontées dans l’estime et le désir qu’elle n’avait pas connu depuis longtemps. Comme s’il avait fallu en passer par là, par cette gifle aussi cruelle qu’injuste aux yeux de ses partisans, fruit d’un long processus d’élimination née au congrès de Reims en 2008 et qui s’achève par le soutien inconditionnel à tous ceux qui ont participé à cette élimination. Royal le sait bien, la politique est l’activité humaine la plus cruelle. Mais elle avait promis ” je ne ferai pas ce que l’on m’a fait ” et elle tient parole.  N’empêche, il en faut de l’encaisse pour digérer et repartir au combat. Même après le Bourget qu’elle a vécu comme une terrible humiliation, l’histoire ne dira jamais quel ciseau magique est passé par là pour l’éliminer des films projetés et d’ailleurs personne n’a vraiment cherché à le savoir, tellement cette attitude à rebuté la plupart des cadres, mêmes ceux qui l’ont si sévèrement combattu. ” Lamentable ” glissait une strauss-kahnienne à la sortie du meeting. ” Des méthodes pas dignes ” ajoutait un fabiusien pourtant peu réputé pour son empathie à l’égard de l’ex-candidate.

Et malgré tout, elle n’a pas cessé. Elle a même continué à défendre François Hollande, à monter au créneau, à siéger au bureau national, à dialoguer en permanence avec le candidat qui lui parle beaucoup. L’écoute aussi. Royal compte pour lui bien plus qu’il ne veut le dire en public, et dans cette pudeur qui les lie depuis toujours, elle s’abstient de donner le sentiment qu’elle prendrait le pas sur lui dans la campagne. Plus compliqué, les entourages, les étages inférieurs, certains ne voient pas d’un très bon œil cette résurrection médiatique et sondagière. Les plus fidèles, amis de 30 ans, eux s’en réjouissent comme le résume assez bien cet homme de l’ombre : ” François sans Ségolène ça n’existe pas et ceux qui l’ont enterré ne connaissent rien a cette femme, elle renaît toujours “.

Une renaissance ? Le mot est un peu fort mais en tout cas un engagement d’une loyauté absolue et d’une efficacité redoutable. La phrase juste, le bon tempo et le bon équilibre. Être-là au bon moment mais pas trop. Ne pas envahir le paysage, ne pas prendre toute la lumière. Car elle a besoin aussi de sa part de silence et de région. Une élection importante se joue pour elle : La Rochelle. Une forme de quitte ou double… Comme si cette expression avait été créée pour elle. Se mettre continuellement en danger pour pouvoir fournir l’effort nécessaire et remporter la victoire. Au bord de son précipice, le soir du 9 octobre, elle a fait le choix du cœur et de la raison en soutenant François Hollande. Depuis, son attitude ” admirable ” selon une grande majorité d’élus et de journalistes ne laisse d’étonner.

Il faut imaginer Sisyphe heureux ” disait Camus. Il y a peut être un Sisyphe heureux dans cette femme qui semble se réparer semaines après semaines et prend à l’évidence un vrai plaisir à faire cette campagne. Avec son fils Thomas, jeune homme sérieux et surtout très sain, qui a choisi la mobilisation de terrain à travers le porte à porte, son équipe de fidèles qui ne lâche pas le chemin trace et ses amis politiques, toujours là, comme Dominique Bertinotti, Guillaume Garot, Jean-Louis Bianco mais aussi Najat Vallaud-Belkacem qu’elle voit régulièrement. Najat Vallaud-Belkacem qui n’oublie pas d’où elle vient et qui l’a propulsée. Une reconnaissance pareille est suffisamment rare pour être saluée.

Ainsi va Ségolène Royal dans la campagne de François hollande, l’homme  qu’elle connaît le mieux.

Indispensable autant que retenue. Comme si elle avait fait sienne la devise de Buckingham. Never explain. Never complain.

 

 

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